Peut-on voyager dans le temps ?

Nous savons que notre espace a trois dimensions : nous pouvons nous déplacer de droite à gauche, d'avant en arrière et de haut en bas. Et nous savons aussi depuis Einstein que le temps représente la quatrième dimension de ce qu'il est convenu d'appeler notre espace-temps. Mais par rapport aux trois autres dimensions, celle du temps est bien plus mystérieuse par le fait qu'elle ne peut aller que dans un seul sens : du passé vers l'avenir en passant par un point insaisissable qu'on appelle le présent. On appelle cela la "flèche du temps". Nous pouvons décider d'aller à droite, à gauche, en zigzag mais le temps échappe totalement à notre volonté : le fleuve du temps nous emporte dans son cours inexorable. Voilà du moins à notre échelle comment nous percevons les choses...
Mais à l'échelle cosmique, il nous faut revoir totalement ces notions familières. En effet, la lumière voyage à la vitesse de 300.000 km/s. Ce qui change tout ! Les étoiles que nous voyons dans le ciel nous apparaissent telles qu'elles étaient quand la lumière en est partie. Nous voyons Sirius, la plus brillante étoile du ciel d'hiver, telle qu'elle était il y a 8,6 années.... et les plus lointains quasars tels qu'ils étaient il y a 12 milliards d'années, c'est à dire presque à la naissance supposée de l'univers selon la théorie du Big Bang ! Nous observons des objets qui ont peut être cessé d'exister. En supposant qu'on nous observe actuellement avec de puissants télescopes depuis une planète de Sirius, que verraient les braves astronomes de là-bas ? Ils verraient la terre telle qu'elle était il y a 8,6 années. Ils pourraient donc, par temps clair, admirer les Twin Towers de Manhattan se dressant fièrement à l'horizon de New York...
Plus nous voyons loin et plus nous remontons dans un passé lointain. Nous n'avons pas de référentiel d'espace-temps universel, et cela poserait d'insolubles problèmes à un historien qui voudrait écrire l'histoire universelle des civilisations galactiques. Nous avons choisi la naissance de Jésus Christ comme référentiel de Temps sur notre petite planète, mais sur une planète X située à 1000 années-lumière comment pourrons nous dire qu'un événement s'est produit avant ou après la naissance de Jésus Christ. A l'échelle cosmique, toutes nos notions familières sur le temps s'effondrent et même l'heure du méridien de Greenwich ne s'applique plus !

Est-ce à dire que le temps n'a pas de sens ? Mais si ! dans l'univers observable, il a toujours le même sens : le temps s'écoule toujours dans le même sens du passé vers le futur. Le principe de la cause précédant l'effet est une loi immuable qui n'a encore jamais été mise en défaut. Ce qui exclut toute possibilité de voyager physiquement dans le passé. Les voyages dans le passé font partie des mythes de la science fiction totalement dépourvus de bases scientifiques. On ne pourra jamais remonter le cours du temps à l'envers afin de modifier le cours de l'histoire.
Et c'est fort heureux que nous n'ayons pas ce pouvoir de bidouiller l'histoire, de vouloir la réécrire à notre goût. Les catastrophes dont la bêtise humaine a été responsable à toutes les époques devraient amplement suffire pour nous éviter de les commettre à nouveau... hélas la bêtise humaine est la seule chose qui puisse donner une idée de l'infini !

La preuve ultime que l'on ne peut pas voyager dans le temps est la suivante : Si cela était possible nous aurions déjà été "visités" par des voyageurs du futur. Ca se saurait ! Or ce n'est pas le cas...en dehors des récits de science fiction !

Cependant, il faut reconnaître que l'être humain est la seule espèce vivante capable de voyager dans le passé par l'esprit. Depuis l'invention du langage, de l'écriture, de la photo, de l'enregistrement sonore, du cinéma, l'homme n'a cessé d'améliorer les outils de sa mémoire collective. Les outils fantastiques dont nous disposons maintenant auraient semblé de la pure magie aux savants de la Renaissance. Et c'est la seule manière que nous avons de remonter le cours du temps, mais en simples spectateurs et sans la moindre possibilité d'intervention sur les événements passés.