La Vie existe-t-elle ailleurs ?

1) Aucune vie, même la plus élémentaire, n'a été à ce jour détectée dans notre système solaire, sauf sur la Terre. Et a fortiori, pas de petits hommes verts qui viendraient nous rendre visite en soucoupes volantes ! Nous n'avons aucune preuve sérieuse concernant les O.V.N.I. Tout cela fait partie du folklore de la science fiction....
Mercure et Vénus sont trop près du soleil et aucun organisme vivant tel que nous connaissons ne peut survivre à de telles températures. Jupiter est une boule de gaz sans surface solide, de même qu'Uranus et Neptune, sans parler de Pluton, astre obscur et glacé d'où notre beau soleil doit ressembler à une pâle étoile ....
La seule planète où la vie aurait eu quelque vague chance d'exister jadis est Mars. Mais il nous faudra attendre encore longtemps pour en avoir le coeur net. Et le robot Curiosity tarde à répondre à notre curiosité. La simple découverte d'une bactérie fossile sur Mars serait déjà une formidable révélation, comme l'avait été jadis la découverte que la terre n'était plus au centre de l'univers. Mais j'ai comme le pressentiment qu'on ne trouvera jamais rien sur Mars ...

2) C'est donc en dehors du système solaire qu'il faut se tourner. Depuis quelques années, l'existence de planètes autour des étoiles a été confirmée. A l'heure actuelle, seules des planètes massives, de la taille de Jupiter, ont été détectées et on sait que de tels environnements ne permettent pas le développement de la Vie. Mais il est fort vraisemblable qu'on finira par détecter des planètes de taille comparable à celle de la nôtre. On dira alors qu'elles répondent aux conditions permettant la vie. Et on ne sera pas plus avancés pour autant, vu que ces planètes resteront inobservables même avec les plus puissants télescopes ...

3) Les écoutes des signaux hertziens en provenance de l'espace n'ont à ce jour rien donné. Le fameux programme SETI (Search for Extra Terrestrial Intelligence) s'est avéré bien décevant par rapport aux espoirs qu'il avait suscités chez un certain nombres de scientifiques des plus sérieux. Il a d'ailleurs été abandonné. L'existence hypothétique de civilisations extra-terrestres utilisant les ondes radio pour communiquer est bien une vue anthropocentrique et la possibilité de les capter à des années-lumière de distance semble une aimable plaisanterie à quiconque a un peu étudié la propagation des ondes hertziennes. Pour cela, il faudrait que les extra-terrestres eussent des émetteurs d'une puissance colossale et de gigantesques paraboles pointées avec précision vers notre système solaire avec, en plus, la volonté délibérée de communiquer avec nous. Mais, aucune chance de capter les infos régionales de la 3 ème planète autour d'Alpha du Centaure ! Tout cela n'est pas très sérieux mais a fourni matière à de nombreuses oeuvres de science fiction qui ont au moins le mérite de nous faire réfléchir, en plus de nous divertir, comme le célèbre film "Contact", remarquablement bien réalisé et interprété par la belle Jodie Foster.

4) La Vie telle que nous la connaissons est basée sur la chimie du carbone qui semble être le seul élément chimique susceptible de former les molécules extrêmement complexes qui sont les "briques" de tous les organismes vivants, de l'algue verte unicellulaire à l'humble rédacteur de ces lignes en passant par le raton laveur. Les seules molécules complexes (comportant plusieurs dizaines d'atomes) qu'on a pu détecter dans l'espace interstellaire, contiennent toujours du carbone. Mais de ces molécules pré-organiques à la molécule d'ADN qui comporte des millions d'atomes agencés dans une stupéfiante architecture, il y a un abîme dans le domaine de la complexité. Les lois de la chimie ne suffisent pas à expliquer comment la matière a pu passer de l'inerte au vivant. L'émergence de la vie apparaît donc comme un phénomène extrêmement improbable et miraculeux qui a pourtant eu lieu sur cette planète. Un sacré coup de chance en tout cas, sans lequel il n'y aurait eu ni Shakespeare, ni Mozart, ni Einstein et sans lequel nous ne serions pas là en train de nous interroger sur la Vie ! On serait bien tenté de penser que c'était trop improbable pour ne pas être unique et notre orgueil de bipèdes homo sapiens en serait bien flatté : nous serions alors, en termes de complexité, le produit le plus fini et l'aboutissement de l'évolution de l'univers !

5) Pourtant, on peut aussi tenir le raisonnement inverse. Malgré les chances infinitésimales qu'avait la Vie d'exister, si on confronte ces chances aux milliards d'étoiles et aux milliards de galaxies que l'on observe, on peut penser que ce qui s'est produit sur terre s'est aussi produit ailleurs des milliards de fois. Si la Vie s'était jouée par un coup de dé à six faces, nous pourrions dire qu'elle avait statistiquement une chance sur six de gagner. Le problème, c'est que nous ignorons combien de faces possède le dé en question... Cette image, que j'emprunte à Hubert Reeves, montre que nous ne pouvons faire aucune statistique sur l'existence de la Vie dans l'univers. Rien à l'heure actuelle ne permet de trancher entre un univers grouillant de vie et un univers où nous serions seuls. Rien... sinon l'humeur du moment !

A ce stade d'ignorance, il est vain de spéculer sur l'existence d'êtres intelligents comparables à nous et de civilisations extra-terrestres plus évoluées que la nôtre. Est-il nécessaire que l'évolution de la vie mène à l'être humain ou à des êtres assez semblables ? ou à quelque chose de si différent que nous ne pouvons l'imaginer ? L'apparition de la pensée (et du langage) est aussi un miracle qu'on n'a jamais pu reproduire en laboratoire.

En admettant qu'il existe une civilisation extra-terrestre et qu'elle entre en contact un jour avec la nôtre, alors les pires scénarios sont à envisager. L'histoire nous a suffisammment montré ce qui se passe quand deux civilisations d'un niveau technologique différent entrent soudain en contact : la moins avancée techniquement est condamnée à disparaître après d'inévitables massacres. L'histoire de l'Amérique en est la parfaite illustration. Mais on peut aussi relire "Chroniques martiennes" de Ray Bradbury, poète et grand humaniste pour méditer sur le choc des civilisations. Pour une fois, les martiens ne sont pas les méchants. Ils ne sont pas les envahisseurs de notre planète. C'est, au contraire l'homme qui va détruire stupidement une civilisation martienne plus avancée spirituellement.
Je crois pour ma part que la providence divine, si tant est que cette expression ait un sens, nous a fort heureusement mis à l'abri d'une éventuelle rencontre "du troisième type" par les années-lumière qui nous séparent de la prochaine planète potentiellement habitée. Et c'est une excellente chose pour notre survie... et pour celle de nos éventuels et lointains voisins que nous ne connaîtrons jamais...

Petite pause musicale : Mars, the bringer of war (Gustav Holst 1874-1934) premier mouvement de la suite "The Planets" (1916). Une oeuvre admirable dont certaines musiques de films de science fiction sont fortement inspirées.