Rumination 14

Cosmologie et sagesse orientale

Il est assez stupéfiant de constater que la science moderne rejoint dans de nombreux domaines les sagesses les plus anciennes de l'humanité. Le remarquable livre de Fritjof Capra intitulé "Le Tao de la physique" est consacré à ces étonnants rapprochements. La relativité et la physique quantique étaient déjà contenues en germe dans les cosmologies antiques ! Les mystiques hindous, bouddhistes, taoïstes avaient déjà l'intuition de tout ce que la science moderne commence seulement à nous faire entrevoir ! Ils y sont parvenus depuis plus de 2000 ans par une voie fort différente, celle de l'intuition contrôlée, autrement dit la méditation conduisant à l'éveil. Cette expérience dans laquelle l'individu cesse d'être distinct de l'univers est inexprimable par le langage. Ceux qui y sont parvenus ne peuvent en rendre compte que par des images symboliques. C'est d'ailleurs ce qui différencie cette approche directe de celle de la science occidentale qui veut tout expliquer rationnellement par des théories de plus en plus complexes....
Malgré leurs légères différences, toutes les traditions spirituelles orientales ont en commun les idées suivantes :

  • L'unité de toutes choses
  • La complémentarité des contraires
  • La fusion de l'espace et du temps
  • Le dynamisme de l'univers
  • Le temps cyclique
  • La non-réalité de la matière: le vide est l'essence de toutes choses
  • L'impossibilité d'appréhender la réalité ultime par le langage

    La relativité et la physique quantique n'aboutissent elles pas aux mêmes conclusions ? De nombreux physiciens ont d'ailleurs pris conscience de ces similitudes. Citons seulement le grand théoricien Niels Bohr dont le blason représente le Yin-Yang avec la devise suivante "contraria sunt complementa". Le Yin-Yang, représenté ci-contre, est le plus profond symbole de la pensée chinoise, et de la pensée humaine en général. Il symbolise les deux principes complémentaires de l'univers : le Yang est la lumière, l'énergie, la chaleur, le masculin, etc. Le Yin est l'obscurité, le repos, le froid, le féminin, etc...Le point blanc dans la zone noire (et inversement) montrent que le Yang contient aussi en germe le Yin (et inversement). Chaque chose engendre son contraire. La forme tourbillonnante du pictogramme suggère le mouvement perpétuel, le dynamisme qui est le moteur de l'univers.
    On peut aussi y voir une géniale représentation à deux dimensions, étrangement conforme au modèle que j'ai décrit précédemment. On y retrouve un univers quasi-sphérique avec la fontaine blanche originelle et le trou noir ultime. On y voit les cycles de création et de dissolution. Les anciens chinois ignoraient certes la manière de dessiner des formes à trois dimensions, ils ignoraient les géométries non euclidiennes et les propriétés topologiques des tores à trou nul, mais on ne peut qu'admirer la façon dont ils ont réussi à traduire graphiquement ce qu'ils avaient vu lors d'illuminations. Le Yin-Yang est en fait une représentation merveilleusement simple de notre continuum espace-temps complexe...


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