Rumination 3
Les voyages interstellaires sont-ils possibles ?Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Joachim du Bellay (1522-1560) Lorsqu'en Juillet 1969 Armstrong posait le pied sur la lune, un certain nombre de rêveurs qui avaient assisté en direct à cet événement historique, et dont je faisais partie, pensaient qu'une nouvelle ère de l'humanité venait de s'ouvrir. Après la lune, on irait explorer le système solaire, puis peut-être les étoiles... Hélas, il s'est avéré que la course à la lune était essentiellement un défi politique dans le contexte de la guerre froide. Les quelques missions lunaires, purement formelles, qui ont suivi ne nous ont rien appris que nous ne sachions déjà : la lune est un astre mort et sans le moindre intérêt touristique ! L'étape suivante devait être Mars, mais les problèmes que posent une telle expédition sont loin d'être résolus et le départ est sans cesse remis aux calendes. En tout cas, il ne fait guère de doutes que l'homme se posera sur Mars.... un jour. J'espère seulement que Dieu me prêtera vie assez longtemps pour pouvoir assister en direct à cet autre événement historique... Il est également probable que l'homme s'aventurera jusqu'à la banlieue de Jupiter. Il y a quelques satellites solides où on peut poser le pied et faire sans doute quelques observations intéressantes.... Mais après ? Saturne, Uranus, Neptune, Pluton ? pas très sympathiques ces planètes ! Mais avec des vaisseaux spatiaux "conventionnels" tels qu'on peut voir dans "2001, l'odyssée de l'espace", cela doit être faisable d'ici la fin de ce siècle. Et ensuite ? Après avoir quitté les dernières lueurs de la banlieue solaire, on entre alors dans des immensités désertiques jusqu'à la plus proche étoile. Proxima du Centaure, notre plus proche voisine est située à 4,25 années lumière. Avec les moyens de propulsion les plus rapides que nous connaissons actuellement, il faudrait 70.000 ans pour l'atteindre ! Même en considérant que, grâce aux progrès constants de la médecine, l'espérance de vie de l'être humain n'a cessé d'augmenter et augmentera encore dans l'avenir, on voit bien que des distances aussi "astronomiques" ne s'inscrivent pas dans le cadre étriqué de notre durée de vie, même pas dans le cadre de la durée de notre civilisation... Il nous faut donc envisager des moyens de transport beaucoup plus rapides. Il nous faudrait atteindre des vitesses proches de celle de la lumière dont on sait qu'elle constitue une limite infranchissable. La relativité ne nous donne pas grand espoir de pouvoir un jour explorer notre galaxie. Même en admettant qu'on réussisse un jour à mettre au point des vaisseaux spatiaux qui s'approchent des fatidiques 300.000 kms/s de la lumière, la théorie de la relativité nous dit que plus la vitesse s'accroît et plus la masse s'accroît. Seules des particules comme les photons voyagent aisément à la vitesse de la lumière, précisément parce qu'elles sont dépourvues de masse ! Il faudrait donc une quantité d'énergie toujours croissante pour propulser les milliers de tonnes de notre vaisseau spatial. Et actuellement, on ne connaît aucune énergie capable de cela... D'autre part, un éventuel voyageur enfermé dans un vaisseau filant à une vitesse proche de la lumière subirait les implacables lois de la relativité sur la distorsion du temps. Pour lui le temps s'écoulerait plus lentement que sur terre, et à supposer qu'il revienne vivant d'une longue odyssée qui a duré 5 ans selon ses horloges de bord, peut-être 50 ans, ou 500 ans se seraient écoulés sur la terre ! Au pire, la terre aurait peut-être disparu....Les voyages vers les étoiles seraient donc vraisemblablement des voyages sans retour et les agences de voyage qui proposeraient des allers et retours vers Vega devraient être fortement soupçonnées d'escroquerie !
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