Le temps cyclique
Mais le temps objectif, mathématique (celui que mesurent les horloges) est-il aussi variable ? A-t-il un début et une fin ? ou s'étend-il du passé infini vers un futur infini ? Notre modèle d'univers cyclique nous donne enfin une réponse claire : le temps est indissociable de l'espace et il est donc courbé lui aussi, bien qu'il soit encore plus difficile de se représenter cette courbure du temps que la courbure de l'espace.
Chaque particule effectue un cycle complet entre sa création et sa dissolution. C'est un recyclage total de la matière en énergie et de l'énergie en matière. Le temps, quant à lui, n'existe que parce qu'il y a ce mouvement de convection perpétuel. C'est le mouvement qui engendre le temps ! On voit alors que le temps est cyclique à grande échelle puisqu'il repasse périodiquement par un instant zéro. Donc, on peut parfaitement dire qu'à à l'échelle de l'univers, le temps est circulaire, il se boucle sur lui même, bien qu'à l'échelle de notre courte durée de vie, il nous paraisse parfaitement linéaire...
Le problème avec cette notion de temps cyclique est de savoir si les phénomènes qui se sont déroulés pendant un cycle vont se répéter de manière identique lors du cycle suivant. On peut s'interroger sur l'éternel retour des événements ? L'histoire n'est-elle qu'un perpétuel recommencement ? Tout ce qui m'arrive est-il déjà "écrit" et va-t-il se répéter indéfiniment ?
Voilà des questions angoissantes pour des bipèdes aussi fiers de leur liberté !
En fait, d'après le modèle d'univers que j'ai décrit, on voit que la notion de cycles ne doit pas être prise au pied de la lettre. Dans ce gigantesque mouvement perpétuel, ce n'est pas l'ensemble de l'univers qui est crée en même temps et qui est dissout en même temps, mais seulement des particules individuelles Pendant que certaines sont crées, d'autres se dissolvent. Il en est de même pour les étoiles, les planètes, les civilisations peut-être... La notion de cycle n'est valable que pour un objet précis et limité. Tout ce qui entre dans le trou noir ultime est irrémédiablement dissous dans le grand tout. On efface tout et on recommence.... autre chose. L'évolution ne va pas répéter inlassablement le même scénario, mais en créer perpétuellement des nouveaux. A l'échelle de l'univers, il n'est pas d'éternel retour, mais une éternelle invention de nouvelles formes. L'univers est donc à la fois cyclique et évolutif.
Je crois personnellement que c'est l'ordre naturel des choses. Sinon, le bon Dieu s'ennuierait terriblement à revoir sans cesse le même film !
| Illustration musicale Music for 18 musicians (extrait) de Steve Reich. Cette musique qualifiée à tort de "répétitive" évoque merveilleusement la notion de temps cyclique et d'évolution. Dans le court extrait de cette oeuvre (durant presque une heure), une fois passée l'impression de "disque rayé", on assiste à l'évolution d'une cellule mélodique qui se complexifie à chaque cycle... |