Crozant, merveille du Val de Creuse
Aux confins du Berry et du Limousin
Pour les habitants de la mégalopole castelroussine (!) et des mornes plaines agricoles de la Champagne berrichone à l'infinie platitude, le sud du département a toujours exercé une grande attraction. Aux confins du Limousin, la nature sauvage reprend enfin ses droits. C'est là que la Creuse, venue du Massif central fait son entrée triomphale dans l'Indre, déroulant de Crozant à Argenton des paysages sans cesse renouvelés dans son cours impétueux à peine assagi par la retenue du barrage d'Eguzon. Pays de granit, de rivières, de forêts, de collines, de lacs, de genêts et de bruyères, c'est la Riviera indrienne... toute proportion gardée, car même au plus fort de la belle saison, on n'y voit pas les hordes sauvages des touristes comme en d'autres régions mieux constellées au Michelin ! Et c'est bien celà qui fait le charme de ce petit coin de paradis (gratifié d'une seule étoile) qui semble réservé aux seuls autochtones et à quelques rares esthètes éclairés....
C'est évidemment à pied (et avec de bonnes chaussures) qu'on découvre le mieux cette région, en suivant les nombreux sentiers, dont le plus remarquable est le GRP du Pays de Val de Creuse qui longe les deux rives de la Creuse sur 100 Km entre Argenton et Crozant: une magnifique randonnée de plusieurs jours ! Mais il est, bien entendu, possible de segmenter l'itinéraire à sa convenance. La plus belle balade d'une journée que je connaisse est la boucle de 20 kilomètres Chambon - Crozant qui traverse les plus beaux paysages de l'Indre.
Lisez, en guise d'introduction, le panneau très pédagogique situé à Fougères, en cliquant ici.
Le départ se fait, de préférence le matin, du Centre nautique de Chambon, où on peut garer son véhicule. De là, on traverse le lac par le bac piétons (gratuit) nommé l'Emouchet. Attention, ce service n'est opérationnel que d'Avril à Septembre. Les heures de traversée sont : 9h15, 10h, 12h, 14h15, 15h, 16h,18h. Hors saison, renseignez vous auprès du passeur (tel 02 54 47 43 86) Après quelques minutes de navigation, on arrive à la plage de Fougères et on traverse le camping en suivant le sentier balisé en rouge et jaune qui longe presque tout le temps la rive droite, offrant des aperçus sans cesse renouvelés sur le lac. Chaque saison a ses couleurs et ses parfums. Au printemps, c'est le jaune des genêts et les nombreuses nuances de verts, où se mêlent les odeurs capiteuses de l'acacia et du chèvrefeuille... Le sentier plonge dans des petits ravins ombreux, où coulent des torrents miniatures qu'on franchit par des ponts très rustiques, puis il longe des plages désertes. Il devient tortueux et escarpé en arrivant au Rocher des Fileuses. Les arbres font place à une lande de fougères et de bruyère superbe en automne. On découvre enfin le site grandiose des ruines de Crozant sur leur promontoire de granit au confluent de la Creuse et de la Sédelle. Un cadre de rêve pour la pause-restauration !
Le sentier redescend ensuite, entre des murets de pierre sèche, puis à travers bois, agrémenté d'étonnantes sulptures modernes jusqu'au pont sur la Creuse. On monte alors en direction des ruines. L'accès au promontoire des ruines du Château est payant (2 € : c'est pas la ruine !) Allez jusqu'à l'extrémité de la presqu'île pour admirer sous son meilleur angle le vertigineux Rocher des Fileuses.
Montez éventuellement au bourg de Crozant pour avoir une vue générale des ruines. Près de la petite église romane, on peut voir un buste d'Armand Guillaumin, peintre impressionniste et chef de file de l'Ecole de Crozant, ainsi qu' une reproduction d'un superbe tableau, dont l'original est au musée de Guéret.
Le retour se fait en suivant toujours le GRP qui s'éloigne des rives de la Creuse pour traverser des bocages et des forêts avant de retrouver la rive gauche toujours très ombragée jusqu'à Chambon, notre point de départ. On retrouve alors la civilisation et les vrombissements des hors-bords !
Depuis le XIX ème siècle, le Val de Creuse a été immortalisé par les plus grands artistes, romantiques, impressionnistes et modernes. Ne sachant pas hélas, pour ma part, me servir d'un pinceau, je me suis contenté d'appuyer sur l'obturateur d'un appareil photo pour essayer (quelle prétention !) de capturer le charme subtil de ces paysages qui me sont infiniment chers....