This "off topic chapter" is not really so ! It may even be the justification of the topic, because without those marvellous inventions to which the Virtual Museum pays a humble tribute, classical music would have remained the music of a small wealthy and educated elite.
Admittedly, since their origins, the Phonograph and the Radio have served the cause of popular music for which there was a large and ready audience. No use shooting on the idiotic singers of 1900 and the rappers of the 1990's... Times and fashions change, and what deserves to be forgotten will inevitably sink into oblivion. But, at the same time, the greatest masterworks of Classical music have become available to everyone. Classical music is simply the music which is beyond fashions, whether it was composed in 1700 or 1970, ...a timeless music that people will still listen to in a century or a millennium and that will never be "out of date". It is often referred to as "serious music" in opposition to "popular music" ! However, Mr. J.S. Bach, a "serious composer" if any, has certainly been more popular now than ever in his lifetime ! This shows that labels and adjectives are not to be taken too seriously. Finally, there are two sorts of music : the one which is made to be consumed as long as a fashion lasts, and the other one which survives to all fashions..
I did not find useful to promote Bach, Mozart, Beethoven, Chopin, Schubert, Mahler (although I love them all) because, thanks to records and radio, they have become familiar to most music lovers, which is already a very good thing ! But we must admit that the musical revolutions and proliferation of the XXth century have somewhat upset most music lovers whose tastes do not go beyond the end of the XIX th century and find Wagner's Tristan too modern ! The fact is that XX th century composers are not very popular... Their music is said to be hermetic, boring and without melody...
But think of the number of masterworks from Schoenberg to John Adams. Is Steve Reich's music hermetic ? Is the Rite of Spring boring? Who can say that Alban Berg's Lyric Suite is deprived of melody ? All those are very accessible with a little effort and sometimes no effort at all. Their music is to be heard now.
I have therefore selected twelve essential works of our century, in which I found different aspects of modernity. They are only personal choices and can be criticised, but they are musics that please my large ears and I am ready to bet on their durability. I must confess my ignorance of music theory and my inability to read a score or play an instrument, which means that these musics are accessible to all those who have ears to listen !
Click on the CD images below for a short extract.
Sorry, English translation ends here...
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Claude Debussy (1862-1918) |
La Mer (1905) Orchestre national de l'ORTF, dir : Charles Münch |
J'aurais tout aussi bien pû commencer cette quête de la "modernité" avec Pélléas et Mélisande (1902). Mais cette partition sublime relève autant de la littérature que de la musique et en détacher un extraît de 3 minutes eût été un non-sens. Il y a en effet beaucoup à dire sur ce premier opéra moderne, où les personnages se parlent sans se comprendre. Le drame se déroule dans le non-dit, dans les propos les plus anodins terriblement chargés de symboles qu'amplifie et commente la musique... C'est pourquoi j'ai choisi La Mer comme première oeuvre capitale de la musique du XX ème siècle. Rompant avec les schémas du XIX ème siècle, cette musique inouïe et dévastatrice fut copieusement huée lors de sa création. Trente ans plus tard, on reconnut que c'était un chef d'oeuvre ! Ecoutez ce finale et laissez-vous emporter par le vent du large |
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Igor Stravinski (1882-1971) |
Le Sacre du Printemps(1913) Orchestre de Cleveland, dir : Pierre Boulez |
Le Sacre du Printemps écrit pour les Ballets Russes fit aussi scandale lors de sa première représentation ! La chorégraphie y contribua aussi largement...Stravinski allait beaucoup plus loin que Debussy dans l'étrangeté, la stridence et la violence rythmique. Cette évocation de la Russie païenne est une musique qui a gardé toute sa force explosive. |
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Arnold Schoenberg (1874-1951) |
Pierrot lunaire (1912) Contemporary Chamber Ensemble, dir Arthur Weisberg
Voix : Jan de Gaetani |
Les premières oeuvres de Schoenberg, inventeur de la musique "dodécaphonique" et fondateur de l'"Ecole de Vienne" sont très marquées par Richard Wagner. Pierrot lunaire, 21 poèmes morbides et décadents d'Albert Giraud, pour voix parlée et 8 instruments est son oeuvre la plus célèbre. Ce ne sont plus des lieder, puisque la chanteuse ne chante pas (ce sont les instruments qui chantent) Elle ne déclame pas non plus : c'est un compromis entre le chant et la parole, que Schoenberg nomma "Sprechgesang". Ce procédé nouveau pour l'époque suscita de nombreux commentaires et interrogations. On a depuis beaucoup usé (voire abusé) du "parlé-chanté" et on perçoit maintenant le Pierrot lunaire comme une oeuvre délicieusement kitsch. |
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Alban Berg
1885-1935 |
Suite lyrique (1926) pour quatuor à cordes The Duke's Quartet |
La Suite lyrique d'Alban Berg est l' un des plus sublimes chefs d'oeuvre de la musique sérielle ou "dodécaphonique". Cette technique révolutionnaire consistait à utiliser une gamme chromatique de 12 sons sans note dominante, rompant ainsi avec des siècles de gammes diatoniques à 8 notes majeures ou mineures. On a reproché à cette musique d'être dépourvue de mélodie et pourtant ici, l'adjectif lyrique n'est pas usurpé. Les cordes chantent, mais comme dans une langue musicale étrangère...
Elle ne se révélera peut-être pas à la première audition, mais c'est une des oeuvres les plus sensuelles jamais écrites. |
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Anton Webern (1883-1945) |
Cinq pièces pour orchestre, op 10 (1913) Staatskapelle Dresden dir : Sinopoli |
Anton Webern, autre disciple de Schoenberg est certainement le musicien qui a poussé l'expérience dodécaphonique jusqu'à ses ultimes limites, étendant les principes de la "série" au timbres mêmes. La "mélodie de timbres" devient dans ces cinq pièces pour orchestre un élément constant du langage, avec une extraordinaire minutie, sept instruments différents pour émettre les sept notes avec les alternances les plus étudiées des couleurs chaudes (trompette bouchée) et de couleurs froides (célesta). On imagine qu'avec une telle musique, Webern ne connut jamais le succès de son vivant. Comme tous les artistes en avance sur leur temps, Il n'eut droit qu' à une gloire posthume mais il exerça une profonde influence sur toute la musique de notre siècle. |
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Béla Bartók 1881-1945 |
Musique pour cordes, percussion et célesta (1937) BBC Symphony orchestra
dir : Pierre Boulez |
Bartok est sans conteste le plus grand musicien hongrois de ce siècle. Sa musique, généralement tonale, fut assez peu influencée par l'école de Vienne. Ses grandes influences sont essentiellement la musique folklorique hongroise, dont il a su extraire la quintessence au point de la transfigurer en folklore imaginaire fondu dans la musique la plus complexe. Cette "Musique pour cordes..." marque le sommet de l'art de Bartok avec cette rythmique irrésistible du dernier mouvement et l'intégration complète de la percussion qui ne se contente plus de son rôle traditionnel de ponctuation... même le piano est utilisé ici comme instrument à percussion. Une oeuvre admirable et très abordable. |
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Iannis Xenakis (1922-2001) |
Polytope (1968) Ensemble Ars Nova dir : Marius Constant |
Yannis Xenakis, mathématicien, architecte et compositeur d'origine grecque mais ayant vécu en France a beaucoup marqué l'avant garde contemporaine. On trouve hélas très peu de ses oeuvres chez les disquaires, ce qui est bien injuste. L'extrait de Polytope (seule oeuvre qui connut un certain succès grâce au Pop Club de José Artur) provient d'un 45 tours d'époque... Sa théorie de la composition musicale assistée par ordinateurs a provoqué en 1956 remous, sarcasmes et inquiétudes. On en est revenu depuis ! En fait Xenakis utilisait un antique 7090 IBM pour se libérer de calculs fastidieux dans une composition très complexe conçue par un cerveau humain. La complexité certaine de ses oeuvres ne nuit pas à leur lisibilité et au plaisir qu'on peut prendre à leur violence et leur étrangeté ! |
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György Ligeti né en 1923 |
Atmosphères (1968) Orch du Sudwestfunk dir : Ernest Bour |
György Ligeti, compositeur hongrois émigré, peut sembler assez proche de Xenakis, bien que sa musique nous apparaisse moins âpre et plus sereine. Ligeti est avant tout un grand maître de la "couleur sonore". Atmosphères est une musique non-événementielle, une texture sonore suggérant l'éternité et le voyage vers l'infini. C'est Stanley Kubrick qui l'a révélé et rendu un tant soit peu "populaire" ...Le réalisateur du célèbre "2001, l'Odyssée de l'Espace" ne pouvait pas faire un meilleur choix, tant et si bien qu'il est désormais impossible d'écouter cette musique sans voir défiler les galaxies et autres étrangetés cosmiques que contemple l'astronaute Bowman lors de sa chute vertigineuse à travers l'espace-temps... |
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Terry Riley born in 1935 |
In C (1964) Members of the Center of
the Creative & Performing Arts |
Schoenberg l'avait dit : "Il reste encore beaucoup de bonnes musiques à écrire en do majeur". Mais l'inventeur de la musique dodécaphonique n'avait sans doute pas pensé que cette boutade prendrait dans les années 60 des allures prophétiques. Car c'est justement avec le "En do" (In C) de Terry Riley qu'une nouvelle esthétique musicale prend son envol en 1964, aussi déterminante pour la fin de ce siècle que l'avait été l'atonalité pour son début. In C est une oeuvre délibérément provocatrice basée sur la seule tonalité de do majeur et sur le principe de la répétition poussée à l'extrême. Les affinités de Terry Riley avec la Pop Music font qu'on hésite à l'inclure parmi les musiciens "classiques". Toujours est-il que son influence fut déterminante sur Steve Reich, Philip Glass et autres musiciens considérés comme "sérieux" si tant est que ces adjectifs aient un sens dans le domaine de l'art ! |
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Philip Glass né en 1937 |
Quatuor à cordes N°2 (1983) Kronos Quartet |
Philip Glass est, avec Terry Riley et Steve Reich à l'origine d'un mouvement musical d'une importance au moins égale à celle de l'Ecole de Vienne : c'est ce qu'on a appelé le minimalisme ou la musique répétitive (bien que ces termes soient très contestables). Il s'agit en tout cas d'une rupture avec les abus du post-sérialisme qui était devenu une musique accessible aux seuls compositeurs ! Le minimalisme est donc un retour à la musique tonale la plus consonante et à la mélodie la plus évidente. La répétition de cellules mélodiques crée un état d'envoûtement chez l'auditeur, bien que cette répétition ne soit qu'apparente : il y a en fait de subtils glissements d'une mélodie à l'autre. Les Quatuors à cordes de Philip Glass sont à mettre à part dans son abondante production. Ici, le procédé minimaliste est à peine perceptible et on y rejoint le plus pur romantisme de Beethoven ou de Schubert... |
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Steve Reich né en 1936 |
Music for 18 Musicians (1974) Steve Reich and Musicians |
Steve Reich est certainement le musicien le plus doué de sa génération et jouit aux Etats Unis d'une popularité méritée. Depuis ses premiers essais ultra-minimalistes pour bandes magnétiques déphasées jusqu'à ses grandes oeuvres comme Desert Music, Different Trains, Tehilim, il n'a cessé d'évoluer du purement expérimental vers une musique qui s'impose d'elle même au delà de toute théorie. La répétition n'est plus une technique de composition mais l'essence même d'une oeuvre qui s'explique d'elle même et devient évidente. Music for 18 musicians, qui dure près d'une heure sur une pulsation continue et sans la moindre pause, est d'une limpidité et d'une cohérence rigoureuses. Peut on encore parler de musique répétitive ? C'est une trame sonore en perpétuel mouvement qu'on écoute avec une fascination toujours renouvelée. Outre le prodigieux exercice de virtuosité des musiciens, c'est un des grands chefs d'oeuvre du genre.... |
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Henryk Górezki né en 1933 |
Symphonie N°3 (1976) London Sinfonietta dir : David Zinman Dawn Upshaw, soprano |
Henryk Gorezki, compositeur polonais, est surtout connu pour sa Troisième symphonie, qui a bénéficié d'une grande diffusion. On chercherait en vain à le rattacher à une quelconque "école" ou courant musical . Gorezki puise surtout son inspiration dans la musique religieuse, d'où une austérité certaine de son oeuvre. Cette troisième symphonie est une oeuvre singulière dans la mesure où elle aurait pu être écrite au XIX è siècle. Rien d'avant-garde dans cette partition qui se révèle dès la première audition. Une lenteur envoûtante évoquant l'éternité caractérise ces trois mouvements qu' éclairent les interventions de la sublime soprano Dawn Upshaw. Et c'est sans doute le caractère "planant " de cette musique qui, dans les années 70 a été à l'origine de son succès. Quoi qu'il en soit, c'est un chef d'oeuvre incontournable ! |
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John Adams né en 1947 |
Concerto pour violon (1993) London Symphony Orchestra dir : Kent Nagano Gidon Kremer, violon |
John Adams appartient à la seconde génération des minimalistes. Si ses premières oeuvres (Shaker loops) sont assez proches de Philip Glass et de Steve Reich, il a très vite évolué vers des formes hybrides beaucoup plus ambigües, où la répétition n'est plus l'essentiel du langage musical. Il est convenu de classer ce musicien dans le courant "post-minimaliste" si tant est qu'un musicien aussi anticonformiste puisse faire partie d'un courant ! Toujours est-il que John Adams est reconnu comme l'un des plus grands musiciens contemporains. On lui doit le dernier opéra classique de notre siècle avec Nixon in China, dont le livret est basé sur un événement contemporain : la visite de Nixon en Chine en 1972. Le concerto pour violon est une oeuvre où tous les courants musicaux semblent se rejoindre et fusionner. Le sérialisme
se joint au minimalisme avec des réminiscences du romantisme. Le violon domine l'orchestre du début à la fin, s'accordant à peine quelques respirations. Une pulsation rythmique constante le soutient dans ce vertige de virtuosité qui emporte irrésistiblement l'auditeur.
Ici, le début du siècle rejoint la fin du siècle. Tous les courants musicaux de notre époque viennent enfin s'y réconcilier. |
Last updated november 22nd 2010
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